Campagne choc

L’histoire de l’État islamique

L’histoire de l’État islamique    

Ces scènes vous choquent ? Vous n’aimez pas ? Tant mieux ! Pourtant, il fut un temps, pas si lointain, où elles semblaient normales. Nous aimerions croire que le racisme, la haine de l’autre et la condescendance du Nord envers le Sud sont chose du passé, mais il n’en est rien.

Civitas : qui se cache derrière l'association catholique devenue un parti politique ? https://www.rtl.fr/actu/politique/civitas-qui-se-cache-derriere-l-association-catholique-devenue-un-parti-politique-7783901433 «"Messire Dieu, premier servi" Étude sur les conditions de la prise de parole chez les militants traditionalistes de Civitas https://www.cairn.info/revue-politix-2014-2-page-59.htmL’extrême droite prolifère toujours aujourd’hui, les partis nationalistes gagnent du terrain un peu partout dans le monde, le fanatisme religieux devient la norme comme en atteste l’apparition des affiches Civitas sur les campus (« contre la dictature démocratique »). Ces idéologies redeviennent « normales ». On ne s’étonne plus de voir les Lepen au second tour des présidentielles françaises, des millions d’Américains voter Trump, la Hongrie ou la Pologne glisser vers l’autocratie, la Flandre se demander si l’on peut gouverner avec l’extrême droite… On finit par ne plus oser parler religion par peur. Ces faits sont-ils plus ou moins choquants que ces vieilles photos ?

Nous aimerions croire qu’il est préférable de fermer les yeux sur ces dérives autoritaires et d’en faire de simples faits divers, mais cela revient à banaliser ce type d’actes destructeurs et infamants.

Au Service Volontaire International, organisation de jeunesse, nous considérons qu’il est essentiel de porter un regard critique aussi bien sur notre présent que notre passé, car comme l’affirmait Churchill, « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Nous n’oublions pas.

Le racisme, le fascisme et l’obscurantisme ne doivent pas devenir des banalités !

L’extrémisme n’épargne personne. Aucune religion. Aucune culture. Nous avions récemment parlé des exactions commises par le Ku Klux Klan aux États-Unis, mais la haine des différences ethnoculturelles ne connaît ni frontière ni nationalité. Vous aurez sans doute déjà deviné le sujet que nous allons traiter dans cet article au vu des deux photos ci-dessus. Remontons le temps pour retracer le cours de l’histoire depuis les origines de l’État islamique jusqu’à aujourd’hui, et tentons de mieux comprendre ce qui a mené aux horreurs que l’on connaît.

Tout d’abord, il faut bien rappeler que le conflit armé qui a ravagé l’Irak et la Syrie cette dernière décennie est en grande partie religieux, en plus de reposer sur des enjeux géopolitiques. Ces deux pays sont géographiquement situés entre deux grandes nations rivales : l’Arabie saoudite (majoritairement arabe et sunnite) et l’Iran (majoritairement perse et chiite), le chiisme et le sunnisme étant les deux principales branches de l’islam, dont la scission remonte historiquement à la mort du prophète Mahomet en l’an 632. L’Arabie saoudite et l’Iran sont toutes deux des dictatures théocratiques qui, malgré leur divergence religieuse, appliquent fermement la loi islamique sur leur territoire.

En 2003, l’Irak est dirigé par Saddam Hussein, de confession sunnite, tandis que Bachar el-Assad, de confession alaouite (un groupe religieux pratiquant un culte dérivé du chiisme), est à la tête de la Syrie.

Commençons par l’Irak. En mars 2003, les États-Unis constituent une coalition internationale et envahissent le pays en à peine trois semaines. Agissant sous prétexte de la lutte contre le terrorisme et les armes de destruction massive, ils en profitent pour faire main basse sur les ressources pétrolières abondantes du territoire irakien. Ils interdisent alors le parti de Saddam Hussein et démantèlent l’armée officielle. Diverses milices sunnites vont alors se former de manière autonome pour lutter contre les forces américaines. L’une d’elles prêtera allégeance à Oussama Ben Laden et se ralliera à la tristement célèbre Al-Qaïda (qui, ironiquement, avait été financée à ses débuts par les États-Unis). Son objectif principal est de combattre la coalition internationale et les chiites présents sur le territoire. C’est le début de la guerre civile. En 2006, elle fusionne avec cinq autres milices indépendantes et s’autoproclame « État islamique d’Irak ». La guerre ne s’achèvera qu’en 2009, après que le pétrole irakien est nationalisé et que les États-Unis retirent leurs troupes du pays.

Mais en 2011 éclate le Printemps arabe : plusieurs pays du monde arabo-musulman connaissent des révoltes populaires visant à renverser les régimes implantés depuis des années. La Syrie ne fait pas exception, mais les soulèvements sont violemment matés par le gouvernement d’el-Assad. Des soldats syriens quittent alors leur poste pour fonder l’Armée syrienne libre, soutenue et financée (parfois secrètement) par différentes puissances occidentales. L’instabilité grandissante dans la région permet la naissance de nouvelles factions djihadistes, notamment le Front al-Nosra (une branche d’Al-Qaïda), qui s’unira en 2013 avec l’État islamique d’Irak pour former l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), aussi connu sous son acronyme arabe : Daech.

À partir de juin 2013, Daech s’étend à travers la Syrie et l’Irak et s’empare de plusieurs villes importantes des deux pays (Raqqa, Mossoul…), mettant par la même occasion la main sur leurs ressources pétrolières et militaires. Un peu partout dans le monde, des groupes indépendants se constituent et prêtent allégeance à Daech. En juin 2014, l’EIIL devient « l’État islamique » tout court et proclame l’instauration d’un califat sur les territoires qu’il contrôle.

La vie des civils en zone occupée par l’EI devient alors un véritable enfer. La loi islamique est imposée à tous et l’horreur est omniprésente. Les femmes ne respectant pas l’obligation de porter le niqab sont fouettées voire lapidées, les homosexuels sont jetés du haut des toits, les opposants sont décapités, les têtes sont placées sur des piques plantées sur les rond-points ou bien laissées en jouets aux enfants, les corps sont couchés sur les routes pour forcer les voitures à rouler dessus jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.

En septembre 2014, les USA vont alors former une nouvelle coalition internationale de 69 pays chargés de lutter contre l’EI. Ainsi, au cours des trois années qui suivront, Daech va progressivement perdre le contrôle de ses territoires conquis, repoussé par la coalition internationale, par les gouvernements syriens et irakiens, et par différents groupes indépendants (essentiellement des représentants de minorités ethniques).

C’est ainsi que, fin novembre 2017, Daech perd ses derniers villages. Malgré tout, les tensions restent fortes dans la région entre les gouvernements en place et les minorités ethniques (comme les Kurdes, au nord). Si l’État islamique est mort, son idéologie est loin d’être enterrée.


Cette situation, bien que désastreuse, ouvre la voie à des questionnements profonds auxquels il est très ardu d’apporter une réponse nette. Selon vous, la communauté internationale est-elle légitime pour intervenir dans des conflits entre des pays tiers et l’État islamique ? Pensez-vous que ces différentes interventions à travers l’Histoire ont eu plus d’effets positifs que négatifs ? Pour vous, ces conflits sont-ils davantage d’ordre religieux ou géopolitique ?

Nous sommes le Service Volontaire International. Nous cherchons à inciter les gens à porter un regard critique et nouveau sur le monde qui les entoure. Nous prônons l’interculturalité comme l’une des valeurs essentielles à la construction d’un monde plus tolérant. En tant qu’Organisation de jeunesse accréditée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre mission est de former des CRACS : des citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires.

Reconstruisons le monde tous ensemble !

Sources :