Campagne choc

Les Jeunesse hitlériennes

Les Jeunesse hitlériennes    

Ces scènes vous choquent ? Vous n’aimez pas ? Tant mieux ! Pourtant, il fut un temps, pas si lointain, où elles semblaient normales. Nous aimerions croire que le racisme, la haine de l’autre et la condescendance du Nord envers le Sud sont chose du passé, mais il n’en est rien.

Civitas : qui se cache derrière l'association catholique devenue un parti politique ? https://www.rtl.fr/actu/politique/civitas-qui-se-cache-derriere-l-association-catholique-devenue-un-parti-politique-7783901433 «"Messire Dieu, premier servi" Étude sur les conditions de la prise de parole chez les militants traditionalistes de Civitas https://www.cairn.info/revue-politix-2014-2-page-59.htmL’extrême droite prolifère toujours aujourd’hui, les partis nationalistes gagnent du terrain un peu partout dans le monde, le fanatisme religieux devient la norme comme en atteste l’apparition des affiches Civitas sur les campus (« contre la dictature démocratique »). Ces idéologies redeviennent « normales ». On ne s’étonne plus de voir les Lepen au second tour des présidentielles françaises, des millions d’Américains voter Trump, la Hongrie ou la Pologne glisser vers l’autocratie, la Flandre se demander si l’on peut gouverner avec l’extrême droite… On finit par ne plus oser parler religion par peur. Ces faits sont-ils plus ou moins choquants que ces vieilles photos ?

Nous aimerions croire qu’il est préférable de fermer les yeux sur ces dérives autoritaires et d’en faire de simples faits divers, mais cela revient à banaliser ce type d’actes destructeurs et infamants.

Au Service Volontaire International, organisation de jeunesse, nous considérons qu’il est essentiel de porter un regard critique aussi bien sur notre présent que notre passé, car comme l’affirmait Churchill, « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Nous n’oublions pas.

Le racisme, le fascisme et l’obscurantisme ne doivent pas devenir des banalités !

L’Allemagne des années 1920 souffre de sa défaite lors de la Première Guerre mondiale. Plongée dans une importante crise économique et politique, elle se sent oppressée par le traité de Versailles qu’elle considère comme un diktat imposé par les vainqueurs. L’inflation, le chômage et la pauvreté rendent le quotidien des Allemands plus que difficile. Les jeunes souffrent fort de cette vie de privation. Nombreux sont ceux qui passent leurs étés à travailler pour leurs parents et qui n’ont pas de quoi s’offrir la moindre distraction dans cet environnement austère.

C’est en partie ce qui fait la popularité des mouvements de jeunesse, depuis longtemps très ancrés dans la culture allemande, qui se développent en nombre durant cette période : jeunesses communistes, jeunesses catholiques, Bündische Jugend… Tous sont inspirés du mouvement scout britannique. Les activités ludiques proposées, la vie loin des parents, l’indépendance et l’ambiance aventureuse sont autant de facteurs qui attirent les jeunes vers ces camps de vacances. Parmi ces différents groupes se trouve bien sûr la Hitlerjugend (HJ), ou en français, les Jeunesses hitlériennes.

Fondée en 1922 par Adolf Hitler, interdite l’année suivante en même temps que le parti nazi, puis reconstituée en 1926 sous son nom définitif, cette organisation gagne rapidement en popularité. D’à peine 5000 membres en 1926, elle passe à 25 000 adhérents en 1930, pour atteindre le nombre astronomique de 2,25 millions de jeunes en 1933, année où le nazisme arrive au pouvoir.

Les raisons de cette popularité grandissante sont multiples. Tout d’abord, comme évoqué précédemment, les jeunes qui intègrent la HJ ont accès à des activités divertissantes qui leur font oublier leurs problèmes et la vie difficile chez les parents. L’uniforme efface les différences sociales et leur donne un fort sentiment d’appartenance à un groupe dans lequel ils semblent tous égaux. Mais au-delà de ça, les responsables de la HJ, et particulièrement Hitler lui-même, mettent un point d’honneur à flatter la jeunesse. Ils font sentir aux enfants et aux adolescents qu’ils ont un vrai rôle à jouer dans l’avenir de la nation, qu’ils peuvent devenir des héros. Tout ça grâce au national-socialisme. Ainsi, les jeunes gens ont accès à tout ce qui les fait rêver dans le monde des adultes : formation militaire, combat, camouflage, entraînement au tir. Les jeunes enfants jouent à la guerre dans l’espoir qu’un jour, ils joueront pour de vrai.

En 1933, Hitler fait dissoudre tous les autres mouvements de jeunesse et les pousse (de gré ou de force) à fusionner avec la HJ. L’organisation obtient alors le monopole des camps d’été. En 1936, l’effectif dépasse les cinq millions de membres. En 1939, les Jeunesses hitlériennes deviennent obligatoires. Toutes les conditions sont ainsi réunies pour un parfait endoctrinement. Loin des parents, les enfants ne reçoivent pas seulement un entraînement militaire, mais aussi une éducation idéologique qui met l’accent sur des théories raciales. Les Allemands sont présentés comme un peuple de surhommes aux qualités physiques et intellectuelles supérieures aux autres. En bas de l’échelle des ethnies, se trouvaient les Juifs et les Bolcheviks. Toutes ces valeurs sont également intégrées au programme scolaire.

Mais les enfants de la HJ ne se rendent pas compte de ce lavage de cerveau. Ils boivent les paroles de leurs chefs de camps et surtout du Führer, qu’ils adulent comme une popstar. Ils ne pensent plus par eux-mêmes. On les fait parader dans les villes. Ils sont la vitrine du régime. Ils se sentent fiers. Fiers d’être Allemands. Fiers d’être Aryens.

Pourtant, tous ne sont pas heureux. Dans cet environnement où l’excellence et la performance sont les seules valeurs qui comptent, les plus faibles sont moqués, humiliés, harcelés, frappés. Les suicides sont nombreux.

En 1939, lorsque la guerre éclate, ceux qui sont en âge de se battre intègrent la Wehrmacht. Les plus jeunes idolâtrent leurs aînés au combat. La propagande ne leur rapporte que des images flattant l’héroïsme des valeureux héros. Ils rêvent de pouvoir partir à la guerre comme eux, car ils voient l’armée allemande comme invincible.

Mais à la fin de l’année 1942, le IIIe Reich commence à perdre l’avantage. Par manque de travailleurs, les jeunes de la HJ sont alors mobilisés sur ce qu’on appelle le “Front intérieur”.  Dès quatorze ans, les adolescents doivent s’atteler à différents travaux  : collectes de ressources chez les habitants, moissons, travaux dans les usines, dans les mines… Le régime chante leurs louanges, mais en réalité ces jeunes souffrent et commencent à douter, car leurs conditions de travail sont extrêmement dures. C’est le début de la désillusion.

En 1943, l’Allemagne subit une grosse défaite contre l’armée russe. La propagande minimise cet échec, ce qui incite certaines personnes à se tourner vers des radios étrangères pour s’informer. Cela étant formellement interdit par le régime, certains jeunes n’hésitent pas à dénoncer leurs parents.

Dans les villes bombardées, les adolescents sont mobilisés pour déloger les cadavres des décombres et sont témoins de scènes d’horreur. Mais ce n’est encore que le début. Peu à peu, les jeunes soldats en herbe sont retirés de leurs camps d’été pour être placés sur de vrais champs de bataille. Certains n’ont que seize ans lorsqu’ils abattent leurs premiers avions au canon.

Malheureusement pour eux, le mythe de la guerre héroïque et victorieuse est bientôt rattrapé par la réalité. Les Alliés gagnent peu à peu du terrain et l’armée allemande faiblit, si bien qu’en avril 1945, des enfants de dix ans sont envoyés sur les champs de bataille, tous déterminés à donner leur vie pour le Führer. C’est ce que beaucoup feront.

À la victoire des Alliés, l’organisation est définitivement dissoute et ses membres assistent à une importante campagne de dénazification. On présente aux jeunes des images des camps de concentration, des horreurs causées par l’idéologie du IIIe Reich, de tout ce que la propagande nazie avait occulté.


Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Quels sont, d’après vous, les dangers auxquels la jeunesse d’aujourd’hui doit faire face ? Quels sont les bienfaits et les méfaits des mouvements de jeunesse actuels ? Quels moyens avons-nous pour prévenir l’endoctrinement des jeunes par différents groupes politiques et de nous assurer de la sauvegarde de leur esprit critique ?

Nous sommes le Service Volontaire International. À travers le volontariat, nous militons ardemment pour que la capacité des jeunes à penser par eux-mêmes ne soit plus jamais bafouée de la sorte et que de tels événements n’aient plus jamais lieu. En cette époque où l’idéologie d’extrême-droite regagne en popularité, nous jugeons qu’il est de notre devoir à tous de sensibiliser la jeunesse aux dangers que représente un tel mode de pensée. En tant qu’Organisation de jeunesse accréditée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre mission est de former des CRACS : des citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires.

 

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Sources :