Une autre culture

Le syndrome du voyageur


Syndrome de l’Inde p.1 par froggygoestobollywood

On le sait tous très bien : « à l’étranger, c’est différent ». Que ce soit le climat, la nourriture, la langue ou tout simplement l’architecture ou le paysage; il y a toujours plus ou moins de choses qui « ne sont pas comme chez nous ».

Même si vous partez sur un projet dans un pays proche, vous serez toujours confronté à une multitude de petits détails et de petites différences dans votre quotidien. Le plus souvent cela demandera une adaptation, mais elle sera tellement bénigne qu’elle se fera de manière à peine consciente.

Quand ces « détails du quotidien » deviennent plus marquants, on parle alors « d’exotisme » ou de « pittoresque », le plus souvent c’est justement cet exotisme et ce pittoresque qui sont recherchés et qui constituent la saveur d’un voyage.

Mais cette adaptation au quotidien peut parfois devenir tellement marquante voire contraignante, qu’elle peut engendrer des réactions psychologiques ou même physiques dont les conséquences peuvent parfois être très fâcheuses.

Il n’est pas toujours nécessaire de se retrouver immergé dans une culture très différente pour éprouver « le syndrome du voyageur ». En effet, le simple fait d’être dans un environnement culturel ou mystique intense peut parfois suffire à provoquer des réactions incontrôlées.

Ce phénomène est médicalement reconnu et décrit (entre autres en psychiatrie) et porte divers noms comme le « syndrome de Stendhal », mais on parlera plus généralement de «syndrome du voyageur», les Anglais utilisant le terme «occupational hazard ».

Le syndrome du voyageur (ou syndrome de Stendhal) est un phénomène qui touche indifféremment aussi bien les hommes que les femmes au cours d’un voyage. Certains volontaires, plongés dans un environnement lointain et inconnu manifestent soudainement, sans prise de drogue, des troubles psychiques comme de l’anxiété, des hallucinations, une perte de contact avec la réalité, des vertiges, des nausées, de la fatigue,de la confusion, une mauvaise humeur, une gêne, de la peur, du désarroi, de la colère et du repli sur soi. Cela peut être également une combinaison de tous ces états d’âme.

Le syndrome du voyageur revêt plusieurs niveaux, du vague à l’âme, de la désillusion et le refus émotionnel du cadre étranger, jusqu’à l’état anxieux majeur accompagné de confusion mentale, en passant par le sentiment de solitude, l’accès dépressif avec manque d’entrain, fatigue, troubles du sommeil et d’autres sensations physiques variées.

Il est important de savoir que si l’étude du syndrome du voyageur relève de la psychologie / psychiatrie, ce n’est pas pour autant une maladie ou le signe d’une faiblesse psychologique.

Ces troubles disparaissent dès que le volontaire retourne chez lui et se retrouve dans son cadre de vie habituel.

Si l’on ne peut prévoir ces troubles mentaux, on peut cependant en réduire les risques : avant d’entreprendre un voyage « aventure », apprenez à vous connaître. Ne partez pas en volontariat la première fois dans un pays ou un projet trop dépaysant, ne partez en pleine dépression, après un décès ou une rupture sentimentale. Certains chantiers peuvent être « durs » (travail dans un bidonville en Inde, s’occuper d’enfants gravement malades dans un hôpital, etc) et déstabilisant!!! Ayez les pieds sur terre, ne rêvez pas trop (le travail avec des pauvres par exemple est rarement romantique). Oubliez le ” Ils sont pauvres mais tellement heureux” et ne surestimez pas vos capacités d’adaptation ! Avant de partir sur un chantier international, soyez en forme physique et psychique ! Préparez-vous à votre voyage : lisez attentivement votre feuille de route et les documents que nous vous avons fournis. Regardez des documentaires vidéos, lisez : sachez où vous partez et à quoi vous attendre!!! Sur place, sachez prendre votre temps, acceptez le choc et n’oubliez pas de vous hydrater et nourrir régulièrement.
Ne prenez pas ce syndrome à la légère… Cela arrive régulièrement à certains de nos volontaires.

Le syndrome de Jérusalem :

Ce syndrome se manifeste par une bouffée délirante issue d’un choc émotionnel lié à la proximité des lieux saints. Parmi les personnes atteintes du syndrome de Jérusalem, quelques-unes sont très religieuses. Mais elles ne sont pas toutes des mystiques en puissance ! Parfois ces personnes ne sont même pas attirées par quelque religion que ce soit. De plus, près de la moitié d’entre elles n’a aucun antécédent psychiatrique et était considérée tout à fait «normale» avant l’arrivée dans la ville sainte. D’ailleurs, après s’être mises dans la peau d’un personnage biblique pendant quelques jours, elles redeviennent ce qu’elles étaient auparavant sans plus jamais manifester aucun symptôme. Elles sont même très embarrassées par ce qu’elles ont fait. Gênées et honteuses, elles ne veulent plus parler de leur conduite «mystique».

Voir aussi : Etude de psychiatres israéliens sur le syndrome de Jérusalem et Description physiologique et sociologique du syndrome de Jérusalem

Le syndrome de l’Inde :

“Plongés sans repères dans un tourbillon de misère, de surpopulation, d’images et de dieux inconnus, on n’y comprend plus rien”. (Régis Airault)

La foule, le bruit, les odeurs, la pauvreté, les excès du climat (mousson, chaleur…), l’omniprésence de la mort et du mysticisme peuvent provoquer chez certains volontaires anxiété, attaques de panique, dépression, envie de quitter le projet et, plus rarement, des idées délirantes ou de la dépersonnalisation. La plupart des victimes sont des personnalités plutôt équilibrées et structurées. C’est véritablement l’immersion dans le pays qui a déclenché chez eux une décompensation, un effondrement de leurs défenses habituelles. Les personnes atteintes sont, pour la plupart, confrontées trop brusquement à un aspect de l’Inde qu’elles n’avaient pas soupçonné. L’Inde est un pays dont on a vanté, à juste titre, l’indicible sentiment de paix des ashrams, la splendeur des temples, la magnificence des paysages ainsi que l’atmosphère spirituelle dont l’intensité ne se trouve nulle part ailleurs. Mais en même temps, la minute après l’émerveillement, on peut basculer dans l’insupportable, l’insoutenable.

L’insoutenable, pour certains volontaires, cela peut être les regards insistants qui violent notre espace vital. Pour un autre, ce sera de voir des sadhus «figés dans des attitudes quasi catatoniques après avoir fait vœu de ne plus parler, de garder le bras levé pendant un certain nombre d’années ou de ne plus poser un de leurs pieds à terre».

L’insupportable, pour nous, c’est souvent aussi la pauvreté extrême, la maladie, la saleté et le manque d’hygiène. Fraîchement arrivés, les volontaires se sentent agressés par les odeurs ou par la vue de tous ces gens qui, chaque matin, se livrent à leurs séances de défécation collective au bord de la route. Ils sont souvent déconcertés aussi de voir des disciples de Shiva quasiment nus, couverts de cendre,les cheveux et la barbe enduits de bouse de vache. Bien sûr, des villes de plusieurs millions d’habitants, comme Bombay et Calcutta, abritent nécessairement les multiples facettes de l’expérience humaine.

On comprend aisément que le volontaire qui ne s’attend qu’à trouver l’aspect lumineux de l’Inde éprouve un choc lorsqu’il est confronté à l’ombre de ce pays. L’Inde montre crûment tout ce qui est tabou et caché dans notre univers propre et aseptisé.

Le choc culturel est immensément moins grand lorsque les volontaires se rendent dans de plus petites villes, telles que Dharamsala, Pondichéri, Menri, Rishikesh. Si vous partez en Inde pour la première, fois, il peut être sage de commencer par une région facile… Et de participer au weekend de préparation que nous organisons ….

C’est le syndrome le plus fréquent rencontré par les volontaires et celui-ci peut également se décliner pour d’autres pays.

Documentaire sur le syndrome de l’Inde:

http://www.dailymotion.com/video/x53xr6_syndrome-de-l-inde-p-1_travel
http://www.dailymotion.com/video/x53yhx_syndrome-de-l-inde-p-2_travel
http://www.dailymotion.com/video/x53z19_syndrome-de-l-inde-p3_travel
http://www.dailymotion.com/video/x540ag_syndrome-de-l-inde-p4_travel

Dans la presse :

http://www.enmarche.be/Sante/Sante_mentale/2014/20140605_l_inde_qui_fait_vaciller.htm