Marieke, coordinatrice au SVI : Ma vie d’infirmière
Marieke, n’est pas seulement coordinatrice du service civique au SVI, elle exerce aussi à côté le métier d’infirmière, son premier métier de coeur.
Depuis plusieurs semaines le monde entier apporte son soutien aux soignants en les applaudissant chaque soir et en les remerciant à travers les réseaux d’être nos héros face à cette crise mais Marieke ne se considère pas comme une héroine . « Je fais simplement le métier que je fais, je le faisais avant la crise, je continue pendant et je continuerais après ». Elle espère surtout que cette crise aura pour répercussion une prise de conscience de l’importance de prendre soin de notre système de santé qui depuis déjà plusieurs années est malmené.
Pourquoi as-tu choisi de faire le métier d’infirmière ?
A la base si j’ai choisi de le faire, c’est pour pouvoir voyager.
On reproduit les modèles que l’on connaît ! Ma mère est infirmière et elle a beaucoup voyagé grâce à son métier. Je me suis dit que je pouvais refaire la même chose ! Donc le métier d’infirmière pour moi ne s’est pas posé comme une vocation mais bien comme une passion pour le voyage.
Alors c’est ce que j’ai fait, j’ai voyagé avec mon métier d’infirmière mais pas que, j’ai voyagé aussi parce que j’aime ça. Et durant mes voyages, mon compagnon et moi avons fait du volontariat avec le SVI.
Comment s’organise ton quotidien d’infirmière avec la crise?
Aujourd’hui je partage mon temps comme employé dans l’association et le métier d’infirmière. Je suis infirmière en soins à domicile. Mon lieu de travail est principalement ma voiture ! Je me rends chez les patients qui nécessite des soins quotidiens que ce soit pour des soins d’hygiène ou pour des soins de plaies, ça c’est pour le côté technique mais ce métier ne se résume pas qu’à des actes techniques. Je suis là aussi en soutien pour les patients et leurs familles, pour les soutenir et aussi les rassurer, surtout par ces temps particulièrement difficiles à vivre pour ces personnes qui font partie de la population fragile. Car majoritairement je m’occupe de personnes âgées.
Avec la crise du coronavirus ma charge de travail n’a pas forcément augmenté, en tout cas pas encore. Mes journées habituelles commence à 6h30 se termine à 14h et je reprends à 15h30 pour finir vers 18 h.
Le plus difficile avec cette crise est de devoir travailler toute la journée avec un masque, des gants et des lunettes de protection.
Les masques me collent à la peau et surtout je respire mon propre air toute la journée. J’ai parfois des maux de tête en fin de journée. Une chose qui est difficile avec le matériel à porter est surtout de pouvoir s’en procurer. Le personnel soignant en dehors des structures (infirmière, aide-soignante et aide familiale) doit s’approvisionner seul mais en ces temps le matériel manque et surtout devient excessivement cher (boîte de gants en temps normal 4,50 euros, maintenant 25 euros !!) Ce matériel devrait être changé entre chaque patient mais par exemple les masques, le graal, ce n’est pas possible de le faire. Alors on risque la contamination à cause de ce manque de moyen. Mais il en est de même dans les hôpitaux d’après certains collègues.
Est-ce que tu as vu des actions de solidarité se développer autour de toi, notamment envers tout le personnel soignant ?
J’ai vu des actions se développer notamment pour nous fournir des masques en tissus. Et je les remercie.
J’entends aussi les applaudissements. Je comprends le symbole que les gens mettent là-dedans ; le personnel soignant au front ! Mais je dois avouer que ça me met un peu mal à l’aise. Comme de passer devant les gens au supermarché parce qu’on est soignant. Je ne l’ai pas fait, je n’oserai pas le dire. Je ne me sens pas comme un héros. Je fais simplement le métier que je fais, je le faisais avant la crise, je continue pendant et je continuerais après.
Est-ce que cette crise montrera l’importance de mettre les moyens en terme de ressources humaines et financière dans la santé ? La reconnaissance du métier des soins infirmiers ? L’avenir nous le dira…
Je voudrais dire aussi que dans un hôpital, on a des médecins et des infirmières mais il ne faut pas oublier les aides-soignants, les aides logistiques (gestions des stocks des services) et les agents de surfaces qui ont une tâche de désinfection très importante pendant cette pandémie. Donc quand vous applaudirez pensez à eux aussi car ils sont dans l’ombre mais sans eux la chaîne n’est pas en équilibre.
Si on veut t’aider, toi et tous les autres soignants, comment est-ce qu’on peut faire ?
Pour m’aider, nous aider : c’est de respecter les règles de confinement.
Car vous êtes peut-être en bonne santé mais le contact avec des personnes à risques peut leur être fatale. Les personnes ne respectant pas ses mesures ne seront peut-être pas touchées directement mais sans aucun doute d’autres paieront le prix de leur insouciance, de leur individualisme. Ces mesures s’inscrivent dans une responsabilité collective pour les plus faibles.
Je voulais aussi dire que ma sœur et ma mère sont infirmières et que je pense fort à elle. Elles sont plus exposé que moi, surtout ma sœur. Et je dois dire que je suis tout le temps inquiète pour elles.
Merci à notre chère Marieke. Merci à toi, pour ce que tu fais et de nous avoir permis de vivre ton quotidien à travers ton témoignage !